Resumen
« … l’université moderne devrait être sans condition. Par “université moderne”, entendons celle dont le modèle européen, après une histoire médiévale riche et complexe, est devenu prévalent, c’est-à-dire “classique”, depuis deux siècles, dans des États de type démocratique. Cette université exige et devrait se voir reconnaître en principe, outre ce qu’on appelle la liberté académique, une liberté inconditionnelle de questionnement et de proposition, voire, plus encore, le droit de dire publiquement tout ce qu’exigent une recherche, un savoir et une pensée de la vérité. […] L’université fait profession de la vérité. Elle déclare, elle promet un engagement sans limite envers la vérité.
Sans doute le statut et le devenir de la vérité, comme la valeur de vérité donnent-ils lieu à des discussions infinies […] Mais cela se discute justement, de façon privilégiée, dans l’Université et dans des départements qui appartiennent aux Humanités. »
Tel est le point de départ. Jacques Derrida s’interroge alors sur ce que peut signifier une profession de foi dans l’Université et dans les Humanités de demain. Que devraient être les structures institutionnelles et les configurations interdisciplinaires appropriées à cette inconditionnalité ?
On voudrait répondre et correspondre aux mutations en cours : 1. La « mondialisation » (dont le sens et les interprétations courantes sont d’abord discutées) ; 2. Le développement des technologies de virtualisation et de délocalisation (qu’est-ce qu’une « cyberdémocratie » pour un lieu universitaire qui, pas plus qu’un État, pas plus que le « politique », ne se sta